Coeur de marbre

En quelques mots et un sourire, toutes mes vulnérabilités se sont renversées en même temps. Laissant échapper celle que je protège. À chaque moment, j’ai tenté de fuir. Ne serait-ce que pour éviter de ressentir. Éviter de souffrir. Éviter d’aimer. Chaque fois, je suis revenue. Incompréhensions. La raison se rangeant derrière les sentiments. Deux arguments à force inégale devant toi. L’amour c’est sensé être doux, facile, rassurant. L’amour n’est pas sensé être une charge comme tu le crois. L’amour, c’est de partager à deux, c’est aussi de partager sans être deux. C’est sensé être volage comme les papillons. Ce n’est pas sensé être non plus un élément t’empêchant d’être qui tu es. Je t’appréciais pour ce que tu étais.

J’ai longtemps rêvé de lui. Ambitieux, plein de projets et plus occupé qu’il n’a de temps pour y arriver. Je t’ai trouvé, mais ton contraire m’apportait plus que ce que je pouvais l’imaginer. Facilité, fragilité, simplicité. Je n’y retrouvais rien d’ambitieux, mais tellement de légèreté. Le moment présent, c’est tout ce qui importe au final. Les rires me faisaient voyager, mon coeur en était apaisé.

Ce n’était rien, mais la rupture est. L’abandon est difficile, mais la compréhension facile. Les larmes coulent, mais le coeur s’allège, se vide. La fuite.

Chaque fois qu’il retombe, un éclat disparait. Tant de difficultés à chercher, tant de facilité à fuir. L’envie d’oublier ce qui a été dit, l’envie de remonter le temps pour changer cette trajectoire, l’envie de flancher à nouveau. L’envie de publier une invitation dans le journal pour l’ultime demande. L’envie de brûler le journal et de fuir.

Fuyons, c’est ce que nous maîtrisons le mieux. C’est plus facile de s’estomper que d’avouer.

Le marbre est froid quand tu n’y es pas.

Josie Gellar

Rupture

Quand on rencontre une personne, c’est un peu comme se tenir dans l’escalier de la vie… nos expériences diffère, parfois cette personne est sur une marche plus haute, parfois sur une marche plus basse, et parfois même, nous partageons la marche. Quand je l’ai rencontré, il était là-haut sur sa marche… on a échangé, on s’est parlé, on s’est rencontré et ce qui devait arriver arriva, on a décidé de faire un p’tit bout de chemin ensemble et commencé à se fréquenter…

Il avait la sagesse des hommes ayant du vécu, la bonté innée, une ouverture et une culture à rendre jaloux, mais surtout, surtout, il semblait avoir un passé réglé. Un passé bien réglé, quoique fissuré. J’enviais son cheminement, son gros bon sens, il était si résilient, inspirant. Inspirant pour moi qui sortait écorchée d’une relation effilée et ombragée. J’en étais marquée, mais résignée à me soigner.

Il était la personne parfaite pour m’accompagner, me redonner une confiance envers les hommes, les relations. Il était bon; bon pour moi, patient, compréhensif, aimant… Il m’avait donné envie de devenir une meilleure personne. J’avais envie d’être en mesure de lui offrir le genre de relation dans laquelle lui me comblait. Tellement, telllllement que j’ai compris que mes blessures le blesseraient lui et que tant que je ne les guérissais pas, il en écoperait. Je devais lui offrir plus, il le méritait.

Malheureusement, ce qui ne devait pas arriver arriva, et ses vieilles blessures se sont heurtées aux miennes… un mal-être planait sur notre relation et j’en étais responsable. Notre belle relation, parce que c’en était une belle, était malade, et j’étais porteuse de l’odieux. Je me voyais stagner en le regardant monter l’escalier…

Parfois aimer veut dire reculer, prendre le temps de se soigner, de panser ses blessures. Parfois reculer veut dire renoncer à une personne, pour ne pas la blesser davantage, parce qu’on ne pense pas la mériter, parce qu’on craint ne lui apporter que de difficultés. Parfois on prend du recul pour guérir et mieux revenir, être capable de redonner à l’être aimé, être capable d’être aimé, être capable d’aimer…

C’est sans doute très difficile à accepter que d’être quitté pour ces raisons. C’est surement très frustrant d’aimer une personne qui fait le choix de s’aimer elle-même assez pour se respecter, s’éloigner et se soigner. C’est surement plus facile de la détester je réalise, beaucoup plus facile la mépriser je constate, que de l’aimer et faire sa part pour se soigner soi-même, sans garantie que ce sera assez pour un jour se retrouver.

Je n’avais pas anticipé être la cible de méchancetés, de malhonnêtetés, de dénigrement et d’attaques; les hostilités de la guerre quoi! Je n’avais pas anticipé être accusée d’avoir profité, froissé, niaisé, remplacé, voire même oublié… Je n’avais pas envisagé être bafouée pour avoir aimé, maladroitement j’en conviens, mais tout de même, avoir respecté l’intégrité de la personne aimée. Je n’avais pas prévu être accusée de l’avoir grossièrement abandonné, moi qui aie pourtant tout essayé pour le garder à proximité, dans mon clan protégé, privilégié.

Je n’avais pas imaginé que son passé fissuré contenait autant d’amertume, d’acidité. Mais ce que je n’avais surtout pas prévu c’est d’être en cours de guérison, montant doucement les marches, en le regardant derrière moi, me rabaisser et me mépriser, pour m’avoir respecté. En lui j’avais vu grand, un grand homme. Il m’aura appris que parfois, la grandeur est de reconnaitre notre petitesse, notre fragilité, et d’aller au-devant de soi pour s’aider soi, se guérir…

Lettre à toi, l’autre femme…

Celle qui m’en veut d’aimer son homme, celle qui m’en veut d’avoir pris sa place. Celle qui me voit comme sa rivale, ce que je ne suis pas; celle qui me voit parce que ça l’arrange bien, d’être celle qui a détruit son couple…

Autant j’ai de défauts, je n’ai pas ceux dont tu m’accuses. J’ai de la bienveillance pour toi, et j’en ai, parce que j’ai été à ta place aussi. Parce que je comprends que dans une situation où une personne est si profondément blessée qu’elle en perd ses repères, personne n’en sort gagnant. Parce que je sais que toute la colère que tu projettes vers lui en ce moment est en faits de la déception, de la peine et un grand sentiment d’échec amoureux.

Autant que je voudrais lui promette que je ferai mieux, que je serai à la hauteur, autant je pelte du vent. J’ai compris y’a longtemps que nulle n’est à l’abris de cette peine; jamais! Parce que la vie nous projette son lot de défis dans la lenteur du quotidien… Parce que la vie nous trompe l’œil dans son regard… Parce que la vie nous apprend parfois si cruellement la vie.

Autant tu peux m’en vouloir, autant tu es responsable, vous êtes responsable de votre malheur; nous le sommes tous. Peut-être parce que le temps nous apprends qu’il faut prendre le temps, j’ai appris que le temps fuit. J’ai appris à mes dépends, à grands coups de déceptions et d’échecs, que quand la vie nous sert ses fruits, il faut les saisir et les déguster. C’est ce que j’ai choisis de faire avec l’homme que tu as aimé, avec l’homme que tu as quitté.

Sache que je saurai avec grâce défendre sa valeur. Où tu jugeais que je serais déçue, je saurai l’honorer. Je choisirai de l’élever à se respecter et à relancer ses projets enfouis, faute de motivation. Je lui offrirai de nouvelles perspectives à ses mille et un projets. Je l’accompagnerai dans ses nouvelles opportunités à se dépasser, à se retrouver, à s’aimer, et ça, j’en suis assurée, c’est ce que tu aurais souhaité pour lui…

En finalité, sois assurée qu’avant tout, je vais l’aimer… Je vais l’aimer comme s’il m’était prêté, ce qu’il est en réalité… Je vais l’aimer comme j’aurais dû aimer dans le passé, comme j’aurais aimé être aimé. Je vais l’aimer en toute sincérité, en toute simplicité!

Flirter L’absence

Quand tu m’envoie un message pour m’interdire de flirter avec ton homme, ton ex; t’es consciente que c’est peut-être lui qui flirte avec moi? Tu y’a pensé à ça?

Tu réalises que tout le courage que tu as rassemblé pour m’écrire cette lettre, je la détruis en trois coups de langue. Ton insécurité et ton manque de confiance en toi sont si palpable que te répondre sans vouloir t’épargner, tu prendrais trois ans à t’en remettre…

Ne pas vouloir te préserver je te dirais qu’il m’a caressé dans l’entrée, il m’a embrassé dans la verrière, il m’a baisé entre la cuisinière et la fenêtre basse, oui oui, celle-là même avec vue sur le voisin, et je l’ai terminé goulûment en le suçant sur le canapé!

Je n’ai même pas osé entrer dans la chambre, et ce par respect pour toi, pour ce qui fût jadis votre intimité. Et toi, tu t’obstines à me l’énumérer, me nommer vos ébats, me décrire tes tourments. Pendant que tu l’as toujours dans ton lit, c’est à moi que tu penses en te demandant s’il pense à moi; celle que tu nommes rivale! Même en sa présence tu es lamentablement absente…

…il flirte avec moi pendant que tu flirtes dans l’absence…

Une année à s’aimer



Il y a une année…
cœurs ébréchés
corps carencés
profils croisés

Quelques lignes échangées
des paroles partagées
l’espoir s’est pointé
la rencontre est fixée

Un grand doux, réservé
d’allure allumé
des gestes posés
une oreille disposée

Des sorties insoupçonnées
de nombreuses randonnées
nos soupers improvisés
des discussions bien arrosées

D’une belle générosité
la sagesse durement gagnée
un insécure inassumé
d’une douce sensibilité

Des jours à s’apprivoiser
les nuits à se posséder
nos corps entremêlés
deux esprits débauchés

Son désir de m’épauler
sa crainte d’être abandonné
Mon besoin de l’aimer
ma peur d’être contrôlée

Les blessures du passé
troublées, sont ravivées
un coup dur porté
à toute notre fragilité

Nos âmes indisposées
guérison proposée
question de s’assurer
d’un peu de sérénité

Seule façon de prouver
combien je peux l’aimer
est d’enfin lui accorder
son besoin d’être libéré

Libéré de m’aimer
incapable de quitter
toxique réciprocité
ce désir de s’épargner

profils croisés
corps ébréchés
cœurs carencés
d’une année à s’aimer…

Go fish!

Comme un poisson dans l’eau tu t’amuses avec moi
Déjà hameçonnée tu te permets de me laisser aller 
Sans d’autres intérêts tu joues à me ramener
Qui sait, au pire je serai mise sur la glace…

Tu veux garder ta liberté, n’accepte pas de t’engager
T’es tellement occupé à tout gérer; continuant de magasiner

Si par malheur je tire sur la ligne
Tu joues à la retirer sans donner signe
On avance à tâtons
On nage à reculons

Paroxysme de ta séparation, j’engourdis ta guérison
Moi et mes dispositions; non pas sans raison

T’as juste à jeter ta ligne à l’eau
Nul besoin d’y voir bien loin
Entre Zoosk, Tinder et POF
Pleins d’autres poissons vont mordre l’hameçon

Rien de bien ambigu, tout est stable
Je ne suis qu’utilité si je te laisse me manipuler…

*Image, La femme poisson de Sophie Pigeon

Sécheresse

De ton odeur, tu m’as cueilli
De ta lourdeur, je m’affadis
De ton égocentrisme, tu m’as broyé
De tantrisme, je me suis noyée
De l’intérieur, tu me meurtris
De l’extérieur, je me flétris
De ton univers, tu m’assèches
De justicière, je deviens rêche
De ta présence, j’ai convoité
De ton absence, je me suis envolée
De sagesse, je me suis permise
De délicatesse, je t’ai privé

L’homme élastique

Juste au moment où je te recycle, tu t’étires au maximum pour que je te garde dans un tiroir. Pour que je reconnaisse ton utilité et ta juste valeur. Tu ne veux pas perdre ta petite place entre la brocheuse et le stylo à bille bleue. Sauf que la seule chose que j’ai remarqué, c’est à quel point ta couleur s’affadit plus tu étires ton besoin à sens unique. Delete.