La grosse femme

Dans la cour d’école, j’étais déjà grosse et je m’en foutais déjà. Je ne sais pas si à un moment donné, ça m’a déjà dérangé d’être grosse. La dernière prise dans l’équipe de volleyball, la dernière à se mettre en équipe. Et tu sais quoi? J’ai quand même passé mon cour d’éduc sans toi! 

Quand je le fréquentais, il n’a plus voulu de moi parce qu’il rêvait d’une femme qu’il pouvait soulever et qui pouvait passer dans les petits endroits restreints, ce sont ses mots. Être le plan F au cas où le plan E te rappelle, le plan D casse avec son ex encore, le plan C finit par ouvrir le dernier message que tu lui as écrit et que le plan B se branche enfin vu qu’elle pèse 3 lbs de moins. Je ne suis jamais un plan A pour toi, mais sache que je suis un plan A, juste pas dans la tienne. Tu ne me mérites pas!

Il y a des évidences dans la vie qui n’ont pas besoin d’être nommées. Dans un rapport lu aujourd’hui, pour qualifier ma santé mentale, c’était indiqué que j’étais obèse. C’est connu, ça pis la santé mentale de quelqu’un c’est relié. Cette pensée archaïque te limite toi, pas moi. Je te consulte pour ma santé mentale, pas la taille de mon derrière. Cette habitude de parler de mon poids quand je consulte pour un autre problème frôle l’obsession. La tienne? Celle qu’on t’impose? La société? Je pèse plus que mon poids, j’te le garantis!

Ma fille me rapporte souvent qu’à l’école, les élèves parlent de son poids. Ma fille a 8 ans. Vos filles aussi ont 8 ans. Vos filles ont traité sa mère de grosse. L’impact sur moi, je m’en balance un peu, mais avez-vous conscience de ce que vos enfants ont comme impact sur la mienne? Ses amis lui disent qu’elle sera comme sa mère. Elle commence à développer des obsessions alimentaires, même si elle me dit le contraire. Ma fille me dit souvent « T’es ronde Mama, mais t’es heureuse comme ça. » J’ai gagné tout ce que j’avais à gagner, et ce, au-delà d’une perte de poids. L’observation du bien-être de quelqu’un est plus criant que la taille de ses vêtements. L’acceptation de la différence, c’est beaucoup plus impressionnant que le dénigrement. La confiance en soi fleurit quand on apprend à faire fi de l’opinion des autres.

Tes articles sur les gros, tes commentaires grossophobes, tes likes sur les commentaires de tes amis qui ont la même opinion que toi. Tu as pensé à ce que ça fait aux gens autour de toi? Tu réalises que tu ne susciteras aucun changement ainsi? Tu te caches derrière la « sensibilisation de ton entourage » autant que je ne me cache plus pour manger des pickles frits. Invite-moi à souper et parle-moi de tes inquiétudes sur ma santé, initie-moi à un nouveau sport, suggère-moi des collations nutritives que t’as essayées. Franchement, implique-toi auprès de moi avec bienveillance au lieu de me traiter de grosse derrière une étude qui dit que les gros vont mourir en premier de la Covid!

La grosse femme d’à côté n’est pas enceinte, elle diversifie ton entourage. 

La romantique dans le déni

Fût un temps où je fuyais les étiquettes à la même vitesse que je pourchasse le chat quand il « s’égriffe » sur mon nouveau sac. Quelque part entre la recherche d’identité et l’époque Morticia Adams. Je n’étais pas une femme romantique, mais j’enviais dont le romantisme cinématographique! L’irréel, l’eau de rose, le calculé et le déjà tout écrit. L’amour hollywoodien. Ces grands romantiques m’épuisent. Mes orbites ne sont pas assez grands pour que je puisse me les rouler dans tous les sens. 

London Fog, petite robe noire, l’air hésitant, fatigué et terne. Je me suis déposée et j’ai observé quelque peu l’entourage quand, soudainement, mon regard a été attiré par la table d’à côté. Un soixantenaire environnant sirotait un café en lisant le journal. Près de lui, un livre. Dostoïevski. Qui pouvait donc lire Fiodor Mikhaïlovitch? Sans doute pas un adepte du Châtelaine. Je ne lis pas ce Fiodor D., mais je sais une chose, j’aime les mots, la culture. Juste par un livre déposé, je suis charmée. Les gens ne lisent plus et écrivent encore moins. Ces petites lettres d’amour, ces petites notes d’invitation à une sortie ou ces petits compliments se perdent. J’ai envie de ces mots. J’ai envie de recevoir une petite note. Un compliment sur une napkin souillée au pire. Je ne suis pas difficile, je veux juste être charmée. 

J’écris sans cesse sur tout, sur rien. Je suis de celles qui envoient un compliment sur un bout de papier, une petite note sur un « ressenti du moment ». J’aime ressentir la petite satisfaction qu’elle procure chez l’autre. Je ne rêve pas de fleurs, mais de mots. Je ne rêve pas de chocolats en coeur, mais d’un coin de napkin déchirée.  

Je suis sensible. Je suis une amoureuse finie. Je suis romantique. 

If you’re a bird...