Comment définir l’ivresse qui me berçait. L’odeur du vieux papier qui m’entourait, mêlée au corsé du vin rouge qu’on m’avait servi, une douce musique et des lumières tamisées. Tous mes sens alourdis par les caresses servies si copieusement par lui…
Il semble toujours avoir les bons mots pour m’amener là où il veut. Il sait comment toucher mon cœur avec ses lignes, offertes sans retenue, du lit à la table basse, en passant par le divan. Me laissant langoureusement envoûter sous la couette les longs matins de paresse. Sous le chaud soleil d’été, ou la chaleur du foyer l’hiver. Avec doigté, lentement dirigé vers la poursuite de mon plaisir, il se pli à moi. Et moi je consomme égoïstement, faisant fit du temps, jalousement accrochée à nos moments.
Le sentir glisser de mon emprise, dérobé à bout de fatigue… mais savoir sans douter qu’il sera toujours là demain. Demain comme tous les jours pour m’assouvir sans jamais ne me laisser pour compte, sans jamais ne m’en lasser. De ses aventures il me nourrit, de sa culture il m’enrichit, de sa sagesse je grandis, mais pour la nuit, je le dépose…