On joue avec des aimants quand on a 5 ans. On trouve ça drôle. On comprend pas, mais c’est drôle. Quand on vieillit, on trouve ça moins drôle, parce que la magie est partie. C’est comme ça que les hormones fonctionnent. On trouve ça très drôle, on aime ça et quand on prend le temps de comprendre, on trouve ça moins drôle. Il y a dans le célibat une période de latence qui nous empêche de réfléchir. On demeure dans la magie assez longtemps pour perdre un peu de réalité. C’est beau, c’est doux, c’est bon. C’est différent. Il est différent. Une partie de nous s’envole avec lui. Celle qui réfléchit, celle qui raisonne, celle qui a des priorités, celle qui disparait à travers la magie des aimants.
Comme si la simplicité devenait complexe. Comme si la pleine conscience était un stratagème de psychopop. Une belle bullshit pour se libérer dans le lâcher-prise. Se complaire dans l’indépendance et avoir un corps qui a envie de vivre dans la dépendance. Avoir envie de plus sans pouvoir l’avoir. Avoir envie d’être unique sans pouvoir l’être. Avoir envie de vivre de plaisirs sans avoir de préoccupations. Avoir envie de le sentir sans barrières. Avoir envie d’être naïve sans disparaître avec la magie.
Sa présence me manque parce que je me sens libre, parce que je suis la femme que j’ai envie d’être, parce que j’ai envie de voir son sourire mystérieux, parce que ses petites manies me font sourire, parce qu’il me fait tout simplement sourire même quand il n’est pas drôle. Le type qui donne envie d’être naïve à deux. Le type qui donne envie de vivre à deux comme si nous étions un. Un jour, mon sourire cessera. Un jour, la magie cessera. Le désenchantement est plate, mais il fait parfois moins mal.
« En 1985, Sharon avait épousé Tom parce qu’il la faisait rire. En 1999, elle avait fini de rire. » – The Book Club